« Une mince silhouette élancée de hauteur moyenne, un corps comme sculpté dans le marbre surmonté d'une crinière flamboyante. C'est l'image que l'on se fait de Mazel au premier abord. Ce sont ensuite ses yeux noisette qui envoûtent le monde. Un brun presque translucide, tirant sur le rouge et luisant à la lumière du jour comme de la nuit. Deux amandes incrustées sous leurs arcades respectives, toutes deux ornées d'adorables sourcils blonds.
Mazel est fragile et pâle, les pommettes parsemées de discrètes tâches de rousseur. Si le temps a creusé d'indésirables cernes violacés sous ses yeux et ne fait qu'accentuer l'air de vulnérabilité qu'elle donne, son regard tendre souligne merveilleusement la forme de ses lèvres, pulpeuses bien que boudeuses. Il est impossible que son sourire éclatant et rêveur laisse qui que ce soit de marbre.
Son cou un peu creux reste toujours inquiétant, et son teint blafard peut laisser entendre des tas de choses. Ses bras peu musclés laissent croire, eux, que Mazel est faible et inoffensive. Détrompez-vous. Ses jambes allongées et maigrichonnes sont rapides, et niveau souplesse, elle peut se faufiler n'importe où, tel un agile serpent étouffeur se camouflant en un douloureux collier qui ne laisse qu'une seconde à sa victime avant l'étranglement. Et la métaphore n'est pas si éloignée de la réalité.»

« Mazel est injuste. C'est le meilleur adjectif pour la décrire. Depuis toujours, et quelles que soit les circonstances, elle n'a jamais compris ou voulu comprendre le principe de justice et a appliqué la sienne, cruelle et arbitraire. Même humaine. Personne n'a jamais réussi à comprendre pour quelle raison elle était comme ça, et personne n'a jamais réussi à la changer.
Depuis sa plus tendre enfance, elle est une fille glaciale et manipulatrice, adepte de la vengeance. Quiconque lui fait du mal à tendance à le regretter amèrement. Et, de manière générale, comme elle estime être la seule à détenir la justice absolue, ceux qui font du mal de leur côté le regrettent amèrement aussi.

Sa transformation en vampire ne l'a pas arrangée. Toute sa volonté naturelle a été employée à faire régner sa justice chez les vampires. Ca n'a pas plu à tout le monde, mais ceux qui s'opposaient à elle finissaient rapidement hors service. Mazel a fini par devenir Garde du Sang et, forte de sa nouvelle position, n'a pas tarder à éliminer ceux qui ne lui plaisaient pas. Même les Dirigeants. Tous les Dirigeants. C'est aussi ça Mazel, une ambition démesurée et dangereuse, mortelle et sanguinaire.

Et puis il y a Valerian, son petit esclave personnel. Il est différent, et elle le sent à chaque fois qu'elle est en sa présence. Il a tendance à calmer assez radicalement son tempérament à la limite de la folie psychopathe.»

« Mazel est née il y a si longtemps que ses souvenirs s’effilochent au fur et à mesure que les années défilent. Elle se souvient à peine de ses 19 ans de vie humaine, comme si son esprit avait inconsciemment décidé que ces souvenirs n'en valaient pas la peine. Pour elle, la première guerre mondiale n'est qu'une vague image lointaine. Elle se souvient d'une vie normale, sans accrocs ni difficulté, puis de la douleur de sa première mort. Et, à son réveil, de la folie meurtrière qui s'est emparée d'elle en voyant le visage de son assassin. Justice. Elle recherchait la justice pour elle-même. Autant dire que celle qui l'avait tuée pour en faire un vampire ne fit pas long feu.

Ensuite, Mazel a changé. Elle n'en est pas persuadée, mais le regard qu'elle avait sur le monde a changé, et le regard du monde sur elle également. Elle mangeait sans appétit pour ne pas alarmer sa famille, et sortait le plus discrètement possible dans les rues désertes de son village. Il n'y avait pas assez de nourriture. A 20 ans, Mazel quitta sa ville natale pour s'installer à Londres.

La population de Londres eut au moins le mérite de calmer son appétit, ce que son village n'arrivait pas à faire. Mais elle découvrit aussi une autre facette de sa personnalité : son ambition. Londres, le coeur du pouvoir. Elle voulait le même pouvoir. Alors, tranquillement, elle s'évertua à grimper les échelons dans les rangs vampiriques, en faisant régner sa propre justice. Ca ne plaisait pas à tout le monde, mais elle réussit à devenir Garde du Sang après en avoir envoyé un à la mort, sous prétexte d'un complot contre les Dirigeants monté de toute pièce. Il lui fallut dix ans pour arriver à ce résultat. Mais celui qui complotait contre les dirigeants n'était pas le Garde du Sang qu'elle avait tué mais bien elle.

Peu à peu, les Dirigeants commencèrent à disparaître et Mazel gardait un visage totalement neutre quand on l'interrogeait. Elle ne savait pas. Et elle semblait si naturelle qu'il ne vint à l'idée de personne de la soupçonner. Dommage. Entre temps, elle prit son premier esclave, principalement pour son sang mais aussi pour les sales besognes qu'impliquaient son complot. Il mourut en même temps que l'un de ceux qu'elle avait fait assassiner. Elle ne le regretta pas vraiment. A 32 ans elle prit la place de tête, recréant sa propre petite armée de Dirigeants personnelle. Et elle s'est ensuite débrouillée pour que sa prise de pouvoir ne devienne qu'un vague souvenir pour les autres vampires. Inutile de compter le nombre de cadavres qu'elle a piétinés pour y parvenir.

Depuis, Mazel est devenue une dirigeante assez lunatique aux yeux des autres. Tantôt douce, tantôt tyrannique, nombreux sont ceux qui voudraient prendre sa place. Mais, en général, ils ne survivent pas bien longtemps ou finissent par se plier à sa volonté d'une façon ou d'une autre. Plusieurs rébellions eurent lieu contre elle, qu'elle repoussa d'un revers de main. Elle eut de nombreux esclaves. Les 97 années suivantes de sa vie se déroulèrent dans une harmonie quasi-parfaite. Puis elle rencontra Valerian.

Si elle décida rapidement d'en faire son esclave, ce ne fut pas aussi facile qu'avec les autres. Mais elle refusa d'abandonner et finalement, après avoir abandonné un certain nombre des avantages que son pacte était censé lui donner, elle finit par réussir. Et elle se rendit très vite compte que sa relation avec lui dépassait de loin le cadre maître-esclave, ce qui ne semble pas la déranger outre mesure. »

Valerian Desian : Esclave personnel et amant à ses heures, elle a très peu de pouvoir sur lui du fait d'un pacte grandement affaibli par ses réticences. Malgré tout, ça ne la dérange pas tant que ça.